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La contestation tourbillonnante

par Kharroubi Habib

La vague de contestation, partie de Tunisie où elle a emporté le régime de Ben Ali, a ensuite déferlé sur l'Egypte, provoquant la chute de Hosni Moubarak, a maintenant un effet tourbillonnant au Maghreb et au Moyen-Orient.

 Aucun Etat du monde arabe n'est à l'abri de son onde de choc. La Jordanie, le Yémen, l'Algérie, le Bahreïn, la Libye, voire les territoires palestiniens en subissent déjà plus ou moins fortement l'impact. Ce qui crédite la prévision affirmée par le prince Moulay Hicham, cousin de Mohammed VI, qu'il n'y aura pas «d'exception» à la vague de contestation qui est, selon lui, en passe d'atteindre tous les régimes autoritaires de la région.

 Nul ne peut pour autant s'aventurer à désigner quel sera le pays où l'impact sera assez fort pour produire les mêmes résultats qu'en Tunisie et en Egypte. Ce qui est en revanche une certitude, c'est que tous les dirigeants arabes «cauchemardent» et échafaudent dans l'affolement toutes formes de stratégies d'éventuelle survie.

 Cela va d'une subite sollicitude pour le pouvoir d'achat des couches déshéritées sous la forme du recours au soutien des prix des denrées alimentaires de première nécessité, comme l'ont annoncé la plupart des gouvernements des pays arabes, en passant par des ouvertures politiques faites aux oppositions. Sous la forme d'un dialogue avec son opposition engagé par le roi Abdallah et conclu par la nomination d'un gouvernement voulu d'union nationale. Sous celle d'une promesse de prochaine levée de l'état d'urgence en Algérie, ainsi que l'accès pour l'opposition aux médias lourds publics. Au Yémen, le président Ali Abdallah Salah a pris l'engagement de renoncer à se porter candidat pour un nouveau mandat, et à Ramallah Mahmoud Abbas celui d'organiser des élections législatives et présidentielle dans les prochains mois.

 Il est peu sûr pourtant que les mesures et promesses auxquelles ont eu recours les dirigeants arabes endigueront la déferlante de la vague de contestation à l'œuvre qui vise ni plus ni moins qu'à les pousser dehors et à établir un ordre démocratique et de liberté qui exclut leur maintien au pouvoir.

 Le mouvement de remise en cause des dictatures en place dans le monde arabe deviendra irréversible si les révoltes populaires qui se sont produites en Tunisie et en Egypte débouchent sur l'instauration de véritables systèmes démocratiques. Ce qui n'est pas encore acquis dans ces deux pays où, après avoir faire le dos rond face à la tempête révolutionnaire, ce qui a surnagé des régimes de Ben Ali et de Moubarak va tout faire pour en casser la dynamique et conduire une transition ne menant pas aux ruptures radicales et sans retour, tel que revendiqué par leurs peuples.

 En Egypte, c'est malheureusement cette perspective qui se profile à cause du rôle central que l'armée va jouer durant cette période cruciale.

 Raison donc pour les peuples arabes qui décideront de suivre l'exemple en révolte des Tunisiens et des Egyptiens de ne pas accepter les compromis auxquels ils ont souscrit avec les sérails de leurs régimes respectifs.